MIRCO NOUVELLE : UN CARILLON MACABRE

Sarah s’est toujours réjouie d’avoir une routine bien rodée. Entre son travail, ses repas, et ses déplacements, la jeune femme ne laisse rien au hasard. Mais un soir d’automne lui révèle le danger insoupçonné d’une vie réglée comme une horloge.

Sarah venait à peine de rentrer quand l’horloge de l’entrée sonna. Un, deux, trois… huit. Elle savait qu’il était 20 heures, mais elle comptait quand même les coups du pendule à carillon à voix basse. Sa sœur y voyait un rituel proche du trouble obsessif compulsif, mais qu’importe. Cette habitude rassurait la jeune femme. Et puis, ce n’était pas sa seule manie. En fait, toute la vie de Sarah était planifiée, calculée, réglée comme cette horloge qu’elle aimait tant. Telle une machinerie bien rodée, elle se sentait ainsi maître de son destin.

Comme chaque soir, Sarah mit son potage au potiron préparé la veille à chauffer sur la vieille cuisinière à gaz, puis monta se changer à l’étage. Dans sa grande maison de Provence héritée de son grand père, la trentenaire à la crinière dorée se sentait en sécurité. Vêtue d’un vieux pull rose en laine et d’un jean bleu foncé, elle s’installa dans le fauteuil en cuir ocre de la cuisine ouverte, face à la grande baie vitrée donnant sur le jardin. L’odeur de la soupe embaumait peu à peu la pièce.

Soudain, une pluie de verre s’abat sur elle dans un fracas assourdissant. Un homme au visage dissimulé sous une cagoule noire s’introduit dans l’ouverture. Le tuyau d’acier qui vient tout juste de percuter la vitre vibre encore dans sa main droite. Il se penche vers Sarah, projetée au sol par la violence du choc : 

–  Salut ma petite, s’écrit-il d’une voix rauque. Ça fait des jours que je te suis, tu sais. Son regard noir fixe les grands yeux verts ébahis de sa victime.

–  Mais… euh… pourquoi ? bredouille Sarah, la bouche pleine de sang. Elle est recouverte d’éclats de verre.

–  Pour mieux te voler, souffle l’individu. Je dois avouer que tu m’as facilité la tâche. Toujours la même routine, ricane l’homme. J’aurais pu venir en ton absence, c’est vrai. Mais j’aime voir le regard terrorisé des gens que je vole, lui soupire l’intrus au creux de l’oreille.

La jeune femme apeurée rampe vers la porte pour tenter de s’enfuir, mais le cambrioleur lui assène un coup à l’arrière du crâne avec sa barre en métal. Il enjambe son corps inerte et se dirige vers l’escalier menant à l’étage.

Étendue sur le plancher de la cuisine, la jeune femme reprit connaissance quelques heures plus tard. Un silence de mort régnait dans la demeure. Alors qu’elle peinait à se relever entre les bris tranchants, le pendule à carillon sonna. Un, deux, trois… Elle n’était plus si sûre d’aimer cette horloge.

2 réflexions sur “UN CARILLON MACABRE”

  1. Je ne savais pas que tu écrivais! C’est pas mal franchement! Toi qui a toujours beaucoup aimé les policiers ça ne m’étonnes pas! 🙂

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