MARIAMA EN CORÉE DU SUD : LE PATRIMOINE

TIME CAPSULE : Il y a quelques années, j’ai visité la Corée du Sud, et j’ai documenté chaque instant de mon voyage. Mais de retour à Montréal, un mois plus tard, le quotidien a repris le dessus, et mes images ont sombré dans l’oublis. Aujourd’hui, j’ouvre enfin cette capsule temporelle ! Embarquez avec moi direction 2017 : voici mon carnet de voyage.

Transport, infrastructure, services, tout se développe à grande vitesse en Corée du Sud. Le pays se classe régulièrement parmi les 20 plus grandes puissances mondiales. Mais le passé garde toujours une place importante dans la vie des Coréens. Plus de 300 vestiges historiques sont même élevés au rang de trésors nationaux.

Un grand nombre de ces trésors sont exposés à Séoul, notamment dans les cinq palais de la capitale coréenne. Ces sites sont accessibles au grand public pour seulement 3000 won coréens l’entrée adulte, soit environ 3 dollars canadiens. Vous pouvez aussi vous procurer un combo pour environ 10$. Il vous donnera accès à quatre palais et au sanctuaire de Jongmyo.

Je commence ma promenade dans le passé de la Corée avec le musée du Palais national de Corée. Plus de 20 000 reliques royales y sont exposées. Chaque galerie se focalise sur une époque ou un thème particulier, comme les tissus ou l’art de l’emballage. J’aime particulièrement les couleurs vives et lumineuses des tenues et coiffes traditionnelles.  

Maintenant, direction le restaurant du musée pour goûter des mets façon palais servis dans de jolis couverts dorés. Je prends de la soupe de courge, du bibimbap au bœuf et légume, et du kimchi. J’ai bien aimé ce repas équilibré, surtout les légumes dont l’assaisonnement était particulièrement réussi.

Comme dessert, je commande du ssuk injeolmi. C’est une pâte gluante à base de farine de riz, recouverte de poudre de soja grillé appelé bokkeun kongggaru. C’est légèrement sucré et difficile à mastique, avec un petit goût de noisette comme dans la glace injeolmi bingsu que j’ai savouré lors de ma soirée à Séoul. Une délicate tisane aux fleurs de chrysanthème accompagne le tous à merveille. Et en plus dans une superbe tasse !

Ma visite s’achève avec un détour par la boutique souvenir. Lanterne, cartes postales, couverts en argent… On y trouve de tous. Certains articles coutent très cher, mais on peut aussi y dénicher quelques souvenirs originaux à un prix abordable, comme ces superbes cartes décorées de costumes coréens traditionnels en version miniature.

Autre grand lieu d’histoire à Séoul :  le palais de Gyeongbok.  Signifiant « béni par le ciel » en coréen, il se trouve en face du musée du palais Nationale. C’est le plus ancien et le plus grand des cinq palais de la capitale. Le roi Taejong le fait construire en 1395, mais le bâtiment est ensuite détruit à deux reprises. Des efforts de restauration durables ne commenceront que dans les années 90.

Il m’aura fallu un peu plus de deux heures pour faire le tour de Gyeongbokgung, ce qui relève de l’exploit compte tenu de la chaleur et de l’humidité intenses de l’été à Séoul. Mais quel bonheur de se perdre dans ce labyrinthe de colonnes rouges et de bâtiments royaux ! Certaines zones sont toujours en chantier, mais Gyeongbokgung a maintenant retrouvé la majeure partie de sa splendeur originelle.

À l’intérieur du palais de Gyeongbok, je visite également le musée folklorique de Séoul. Fondé en 1945, il me transporte dans le quotidien des Coréens lambda à travers les âges. J’y découvre leurs habitations, leurs commerces, et leurs ustensiles de tous les jours. Les expositions me plongent dans la culture coréenne, entre croyances populaires, musique, et habitudes alimentaires.

Non loin de là se trouve le palais de Changdeok. Il fait partie du patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 1997. Ce palais « de la vertu prospère », construit en 1405, est le mieux préservé des quartiers royaux de Séoul. Il est pourtant brulé une fois en 1952 par des citoyens en colère. Changdeokgung fut la résidence principale de nombreux rois de la dynastie Joeson.

Je découvre son magnifique jardin secret « Huwon » à travers une visite guidée d’un peu plus d’une heure. Une atmosphère paisible se dégage de l’harmonie entre la nature et l’architecture traditionnelle. Ça doit être superbe en automne, parsemé de feuilles rouges et ocres. Le jardin attire de nombreux visiteurs chaque jour.

Juste à côté, le palais de Changgyeong se dresse en fier voisin. Il est construit au 15e siècle par le roi Sejong pour y loger son père, le roi sortant Taejong. Ce « palais de la joie florissante » fut également la résidence de nombreuses reines et concubines. Mais il est transformé en zoo durant l’occupation japonaise de 1910 à 1945.

Changgyeonggung est aussi détruit par le feu à deux reprises. Il faudra des années de restauration pour le raviver, mais le résultat est au rendez-vous. Ici, la nature prime. J’y rencontre même un étrange animal, à mi-chemin entre le renard et le raton laveur.

Cette fois-ci, j’opte pour une façon originale de visiter le palais : je porte un hanbok ! C’est un habit traditionnel coréen qu’on peut louer pour quelques heures dans les nombreuses boutiques spécialisées près des sites historiques. Il existe en version masculine et féminine, et s’accompagne de quelques accessoires comme un sac ou une broche. Et ça vous permet de visiter gratuitement les palais de Séoul !

À ma grande surprise, le hanbok se révèle léger et confortable. Un jupon en fer conserve sa forme bombée et favorise des courants d’air, et c’est particulièrement apprécié en cette chaude journée d’été ! J’ai l’impression d’être une princesse coréenne qui se promène dans les jardins de Changgyeonggung. Ou plutôt une actrice qui joue dans un K-drama d’époque !  

Porter un hanbok est une expérience prisée par les touristes, et les Coréens aussi d’ailleurs. Car, même si certains en portent encore pour les occasions spéciales comme les mariages ou les cérémonies religieuses, ce vêtement se fait rare de nos jours, surtout dans les grandes villes. Le hanbok fait pourtant partie du décor depuis des millénaires. Il se décline sous une multitude de couleurs, motifs et textures.

Autrefois, les couleurs pâles et la soie étaient réservées aux aristocrates. Le peuple se contentait de hanbok aux couleurs discrètes, confectionnées à partir de chanvre ou de coton. Ces codes vestimentaires permettaient de distinguer le rang social d’une personne au premier coup d’œil.

Situé au coin de l’intersection la plus animée de Séoul, le palais de Deoksu m’interpelle par son style hétéroclite. Des bâtiments traditionnels et d’architecture néoclassique s’y côtoient, créant ainsi une étrange harmonie. Un frère du roi Seongjong réside dans ce palais de la « longévité vertueuse » au 15e siècle, avant que le lieu ne devienne une résidence royale officielle un siècle plus tard.  

La construction du premier pavillon d’inspiration occidentale, Jeonggwanheon, s’achève en 1900. L’empereur Gojong y passe une grande partie de son temps libre. À l’arrière du bâtiment se cachent des passages secrets ! Ils mènent à l’émissaire russe au début du 20e siècle.

J’assiste à une cérémonie de relève de la garde. Elle se déroule trois fois par jour devant Deoksugung. Les couleurs vivent des uniformes contraste avec la rigueur de la cérémonie. Deoksugung possède aussi un centre d’art où des expositions originales se tiennent toute l’année.

Au cours de mes visites, je remarque des motifs aux couleurs vives sur les structures en bois. C’est un agencement de peinture bleu, rouge, jaune, blanc et noir : le Dancheong. Il orne la plupart des bâtiments d’architecture traditionnelle coréenne. 

Le Dancheong forme une couche protectrice sur le bois contre les intempéries et des insectes. Ces motifs varient également selon l’usage que l’on fait du bâtiment. Certains symboles protégeraient même du feu et des esprits maléfiques selon la croyance populaire. 

Hormis les palais, d’autres entités sont garantes de la mémoire du pays, comme la muraille de Séoul et sa porte Heunginjimun, dans le très moderne quartier de Dongdaemon. Ce mur, allant jusqu’à huit mètres de haut, est construit par le roi Taejo à la fin du 14e siècle. Le fondateur de la dynastie Joseon souhaite ainsi protéger sa nouvelle capitale Hanyang, l’actuel Séoul.

À l’époque, la structure s’étale sur plus de 18 kilomètres. Elle encerclait toute la ville. Aujourd’hui, 12km de murailles, et 6 des 8 portes sont toujours intactes. Le contraste avec le paysage urbain alentour est saisissant. 

L’architecture traditionnelle se retrouve aussi dans certains quartiers résidentiels de Séoul. C’est le cas du village de Bukchon, non loin de la station de métro Anguk. Ici, l’atmosphère est chaleureuse et conviviale parmi les centaines de maisons traditionnelles, les hanok. Certaines bâtisses sont maintenant des maisons d’hôtes. Alors je tente l’aventure une nuit, pour environ 70 dollars canadiens.

J’arrive en soirée au hanok. L’hôtesse des lieux m’accueille chaleureusement. Elle m’installe dans une petite pièce surélevée et m’indique comment faire le lit traditionnel coréen. Il s’agit d’un drap matelassé posé à même le sol, accompagné d’une couverture épaisse. Les murs sont tapissés de motifs floraux traditionnelles. Mais les prises de courant et la climatisation sont une touche de modernité bienvenue.

À mon réveil, les doux rayons du soleil me chatouillent le visage. Ils se diffusent à travers les portes recouvertes de ce qui semble être du papier de riz. Il s’agit en fait de hanji, un papier confectionné à partir d’écorce de mûrier. Je me réveille avec un léger mal de dos : je ne suis pas habituée à dormir par terre. Mais ce décor traditionnel en vaut la peine et je suis bien contente d’avoir tenté l’expérience.

Voilà! C’est la fin de ma promenade dans l’histoire de la Corée. À travers ses palais, ces musées, et son architecture, Séoul a réussi à incorporer son passé dans une réalité ultra moderne. Les Coréens semblent dévoués à préserver leur patrimoine, comme si l’avenir du pays se cachait dans son histoire.  

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