MIRCO NOUVELLE : LE FOULARD ROSE
La femme de Normand Perrier a disparu dans des circonstances étranges. C’est une célèbre politicienne. La police mène l’enquête depuis quelques jours, mais aucune piste ne transparaît. La presse s’impatiente, et Normand aussi. Il décide de parler aux médias.
Norman entre dans la salle de conférence, le pas hésitant. Il s’avance vers le micro, au centre de la pièce. Les flashs braqués sur lui l’éblouissent. La salle bourdonne telle une ruche :
– Monsieur Perrier, la police vous tient-elle informée ? hèle un journaliste au fond.
– Avez-vous plus d’informations sur le sac retrouvé à la gare ? martèle un autre.
– Que portait votre femme au moment de sa disparition ? insistent plusieurs reporters.
Norman se fige, désarçonné par toutes ces questions. Une main caresse son épaule :
– Ne vous inquiétez pas, Monsieur Perrier, lui souffle à l’oreille son avocat, maitre Lalonde. Tout se passera bien, vous verrez. Répétez-leur simplement ce dont on a parlé.
Le jeune trentenaire reprend ses esprits. Sa main tremble lorsqu’il s’empare du micro :
– Ma femme, Nora, a disparu depuis trois semaines, souffle Norman, la voix fragile.
À ces mots, des journalistes s’emparent de leur calepin. D’autres se rapprochent de lui, un dictaphone à la main. Une caméra zoome sur son visage.
– Pour le moment, les enquêteurs n’ont aucune piste, mais… sa voix se brise. Norman éclate en sanglots. Maitre Lalonde lui tend un mouchoir en papier.
– Si quelqu’un sait, ou a vu quelque chose, continue Norman entre deux gémissements, je vous en supplie, contactez la police. Nora portait un pull jaune, un pantalon noir, des bottes en caoutchouc kaki, et un foulard rose, achève le jeune homme, les yeux mouillés.
Son avocat et lui se dirigent vers la porte vitrée, une nuée d’abeilles à leurs trousses.
Quelques heures plus tard, Norman accroche son manteau derrière la porte d’entrée de son appartement. Il enlève ses bottes en cuir noir et se dirige vers la chambre, à la fin du couloir. Au passage, il croise son reflet dans un miroir à sa gauche, posé sur une console en bois de hêtre. Un homme mal coiffé, au regard vide, l’observe. Plus bas, sur une pile de lettres destinées à Nora, trône un tissu taché de rouge. Norman fixe le foulard rose. Un léger sourire se dessine sur ses lèvres.